En 1965, René Dumont décrit le contrôle des naissances et le souci de nourrir la population en Chine par la " chasteté généralisée "et un " communisme d'austérité végétarienne."
car " il importe au plus haut point d'essayer de faire face à toutes nos responsabilités vis à vis de nos descendants. Donc de ne pas leur léguer une situation devenue à peu près impossible, volontairement ou même par négligence. "
Un tel programme parait impensable aux européens gâtés que nous sommes, mais est il raisonnable de mener aujourd'hui une autre politique, est il sérieusement possible d'agir autrement sans prendre des risques sanitaires significatifs : destruction des abeilles, perturbations endoctriniennes ... ?
N'ayant aucune compétence scientifique, je soulève seulement la question, au regard des débats actuels entre scientifiques ... qui apparemment sont loin d'avoir à leur disposition des données d'observation suffisantes pour se prononcer : écouter l'interview ci dessous.
Les
perturbateurs endocriniens
Il existe de nombreuses définitions pour décrire ce que sont les perturbateurs endocriniens. Celle qu'a établie l'Organisation mondiale de la santé en 2002 est la plus acceptée : un perturbateur endocrinien est "une substance exogène ou un mélange qui altère la/les fonction(s) du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des sous-populations".
Selon le produit considéré, ils vont :
·
modifier la production naturelle de nos
hormones naturelles (œstrogènes, testostérone) en
interférant avec leurs mécanismes de synthèse, de transport, ou
d'excrétion ;
·
mimer l'action de ces hormones en se
substituant à elles dans les mécanismes biologiques
qu'elles contrôlent ;
·
empêcher l'action de ces hormones en
se fixant sur les récepteurs avec lesquels elles interagissent habituellement.
En découle
un certain nombre de conséquences
potentielles pour l'organisme, propres à chaque perturbateur
endocrinien : altération des fonctions de reproduction, malformation des
organes reproducteurs, développement de tumeurs au niveau des tissus
producteurs ou cibles des hormones (thyroïde, sein, testicules, prostate,
utérus…), perturbation du fonctionnement de la thyroïde, du développement du
système nerveux, modification du sex-ratio…
Aujourd'hui,
la définition du champ d'action des perturbateurs endocriniens tend à
s'élargir. Certains organes clés, qui ne sont pas considérés comme des glandes
endocrines à proprement parler, produisent des hormones qui apparaissent elles
aussi comme des cibles potentielles des perturbateurs endocriniens :
la leptine du
tissu adipeux qui intervient dans la régulation du métabolisme, l'IGF-1 produite par le
foie qui agit comme un facteur de croissance…
Air, eau, aliments… : les
sources d'exposition sont multiples
Il existe
une grande diversité parmi les perturbateurs endocriniens, et les sources de
contamination auxquelles hommes et animaux sont exposés sont également
nombreuses. En effet, ces composés peuvent être présents dans des produits manufacturés ou des aliments
d'origine végétale ou animale. Ils sont pour la plupart issus
de l'industrie
agro-chimique (pesticides, plastiques, pharmacie…) et de
leurs rejets. Beaucoup sont rémanents : ils persistent dans l'environnement de
longues années et peuvent être transférés d'un compartiment de l'environnement
à l'autre (sols, eau, air…) de longues années après qu'ils aient été produits.
Les hormones naturelles ou de synthèse constituent
une source importante de perturbateurs endocriniens : œstrogènes,
testostérone, progestérone... et les produits de synthèse mimant leurs effets
sont souvent utilisés en thérapeutique (contraception, substitution hormonale,
hormonothérapie). Elles entraînent un risque indirect en rejoignant les milieux
naturels, après avoir été excrétées dans les rejets humains ou animaux. Y sont
adjoints les phytoestrogènes naturellement
présents dans certaines plantes (soja, luzerne).
Un second
groupe de perturbateurs endocriniens, bien plus large, rassemble tous les produits chimiques et sous-produits industriels qui
peuvent interférer avec le système endocrinien de l'homme ou de l'animal. Il
comporte à l'heure actuelle plus d'un millier de produits, de nature chimique
variée. Parmi les plus fréquents, on peut citer:
·
des produits de combustion comme les dioxines, les furanes, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)…
·
des produits industriels ou domestiques comme :
- les phtalates, ou le bisphénol A utilisés dans les plastiques ;
- les parabènes, conservateurs utilisés dans les cosmétiques ;
- les organochlorés (DDT, chlordécone…) utilisés dans les phytosanitaires ;
- l'étain et dérivés utilisés dans les solvants.
- les phtalates, ou le bisphénol A utilisés dans les plastiques ;
- les parabènes, conservateurs utilisés dans les cosmétiques ;
- les organochlorés (DDT, chlordécone…) utilisés dans les phytosanitaires ;
- l'étain et dérivés utilisés dans les solvants.
La recherche face à de nouveaux
paradigmes
L'étude
des perturbateurs endocriniens est aujourd'hui très importante pour la santé, mais aussi pour l'environnement.
Mais, cette recherche doit relever plusieurs défis, liés aux particularités de
ces substances. En effet, l’étude de la toxicité d'une molécule est
classiquement réalisée en exposant des cellules ou des tissus à des doses
croissantes de la molécule en question. Or, cette approche ne peut suffire
lorsqu’il s’agit des perturbateurs endocriniens, et ce pour plusieurs
raisons :
La
première se rapporte aux doses
d'exposition : l'exposition à une dose forte n'a pas le
même impact qu'une dose
faible à laquelle un individu est exposé de façon chronique.
Ainsi, si l'exposition à une dose unique d’un produit est sans risque pour
l'organisme, la répétition de cette exposition au cours du temps peut perturber
le système hormonal. Et le délai
d'apparition des effets délétères des perturbateurs endocriniens,
parfois prolongé, peut compliquer encore cette analyse.
La seconde
difficulté tient aux périodes
de vulnérabilité des êtres vivants face au risque toxique
: un organisme ne subit pas les mêmes effets lorsque le contact avec un
perturbateur endocrinien a lieu in
utero,
avant ou après la puberté.
L'effet transgénérationnel de certains d'entre
eux montre aussi que le risque sanitaire ne concerne pas uniquement la personne
qui est exposée, mais aussi sa descendance.
Enfin, l'effet cocktail des
perturbateurs endocriniens est complexe à mettre en évidence : il découle de
l'addition des effets délétères de plusieurs composés à faibles doses, qui
agissent sur les mêmes mécanismes biologiques. Ensemble, ils peuvent perturber
l'organisme sans que chacun, pris isolément, n'ait d'effet. Par ailleurs, il
peut y avoir des interactions entre perturbateurs endocriniens agissant par des
mécanismes différents.
A côté de
la spécificité liée aux substances incriminées, la complexité du système hormonal rend
la recherche encore plus complexe : en effet, les régulations
endocriniennes ne font pas intervenir une mais plusieurs hormones interagissant
entre elles. Il peut donc être particulièrement difficile de prédire l'ensemble
des conséquences biologiques d'un perturbateur endocrinien.
https://youtu.be/ekEDt0WYrYg
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